Dévoilé durant le salon des ETA fin 2021, le 6R 185 représente le modèle le plus puissant des tracteurs de la marque au cerf. Son châssis dit «moyen» repose sur un empattement de 2765mm. Équipé de l’habituel moteur de 6,8L de cylindrée, ce 6R développe 204 ch de puissance maximale. Il profite uniquement de la transmission à variation continue AutoPowr. Afin d’apprécier ses capacités et sa maniabilité, nous avons pris ses commandes sur une exploitation en polyculture-élevage de la Creuse.
On ne le présente plus! Le 6R est un incontournable de la marque vert et jaune. Le 6R 155, modèle qui s'est le plus vendu dans l'Hexagone en 2022, était auparavant le plus puissant des châssis dits «moyens », avec un empattement de 2765mm. Le constructeur a ajouté deux modèles supplémentaires à cette gamme intermédiaire : les 6R 165 et 6R 185. Leur puissance maximale respective, de 182 et 204 ch, dans un gabarit contenu devrait les rendre nerveux pour des chantiers de transport ou à la prise de force, ainsi que pour le travail du sol. Embarquez avec moi au volant du 6R 185, au sein d’une exploitation en Nouvelle-Aquitaine afin de vérifier les capacités de cet engin. Au programme : déchaumage, transport et épandage de fumier. Premières impressions, en cabine, je remarque l’absence de tableau de bord derrière le volant, contrairement aux précédentes générations de 6R et 6000. Celui-là est remplacé par un écran au format vertical situé sur le montant droit de la cabine, à l’image des grands frères 7R et 8R. Je note que ce placement favorise la visibilité et la lecture des informations. Pour le reste, les habitués de la marque ne seront pas dépaysés, avec un agencement des boutons logique.
Des commandes pratiques et intuitives
À l'occasion de cet essai, je découvre la variation continue AutoPowr de la marque pilotée par le monolevier CommandPro. Sa prise en main s’avère simple. Pour choisir le sens de marche du tracteur, deux possibilités s’offrent à moi : l’inverseur ou le joystick. Pour cela, je pousse celui-ci en avant ou en arrière selon la direction souhaitée, validée par un appui bref sur un bouton placé derrière le manche, en guise de sécurité. Pour gérer la vitesse, je commence, par habitude, à utiliser le 6R avec les pédales. Celles-ci, à l'instar de l’inverseur, restent actives et prioritaires sur le levier multifonction. Je me dirige alors vers le déchaumeur à disques indépendants Occitan mis à disposition par Grégoire Besson. Pour atteler l’outil, le CommandPro me séduit rapidement avec sa gamme rampante. Pour y accéder, il suffit de diriger le levier sur la gauche puis d’avant en arrière pour évoluer dans une plage comprise entre 0 et 2km/h. Cette allure maximale s’ajuste depuis le terminal et peut atteindre 5km/h. À l’arrière du tracteur, les habituels leviers de décompression me simplifient la tâche au moment de connecter les distributeurs hydrauliques. Une fois l’outil attelé et replié, je me dirige vers la parcelle située à quelques kilomètres de l’exploitation. J’apprécie la souplesse de la transmission à variation continue. Je me prends rapidement au jeu et passe instinctivement à la conduite au monolevier pour augmenter ou réduire mon allure. Finalement, cette commande, précise et progressive, me séduit. Un dernier chemin chaotique me laisse pleinement mesurer le confort du pont avant suspendu et de l’optionnelle suspension hydraulique de la cabine.Je vais enfin pouvoir jauger ce tracteur compact au champ. La veille de ma venue, Romain Tarret, entrepreneur associé au sein de l’exploitation, a épandu du fumier sur cette même parcelle avec le 6R. À l’aide de l’Occitan de 6m, je vais enfouir l’amendement organique avant les semis. Je commence par créer ma ligne de guidage avec des points A et B depuis le terminal. La recette réussie de John Deere ne change pas, et c’est tant mieux.
Confort sur route comme au champ
Je règle ensuite, dans le terminal, deux automatismes de bout de champ iTEC. Pour cela, je me rends dans le menu associé et ajoute les étapes: vitesse cible, activation/désactivation du pont avant et descente/levée du déchaumeur. Je regrette de ne pouvoir ajouter l’activation du guidage, qui nécessite un appui sur le bouton en plus de l’appui sur l’iTEC. Ces réglages s’ajustent uniquement tracteur à l’arrêt. Pour aller plus loin dans le confort de conduite, je relie mes fonctions «iTEC» de début et de fin de passe à deux boutons sur le joystick CommandPro. Afin de définir mon choix sur les 11 touches personnalisables, le terminal affiche une représentation schématisée du monolevier très visuelle pour bien se repérer. Je choisis le double bouton «A» tombant naturellement sous mon pouce. Une fois l’outil réglé, je me cale sur une vitesse cible de 12km/h. Celle-ci est atteinte aisément avec la gestion de la transmission AutoPowr.Le régime moteur oscille entre1 500 et1 700 tr/min dans la parcelle. Dans certaines zones en pente, le 6R 185, lesté de 300kg dans chaque roue arrière, trouve sa limite sans pour autant ralentir sa vitesse. Dans cette topographie, le régime moteur ne dépasse pas les 1900 tr/min, et l'indicateur de consommation instantanée affiche près de 30L/h. Je découvre l’option «Variable RatioSteering »me permettant de limiter le nombre de tours de volant lors des demi-tours. Un petit temps d’adaptation est nécessaire, mais cette fonctionnalité me convient et facilite les manœuvres. Attention toutefois à ne pas oublier de la désactiver sur la route. En effet, si sa mise en veille est automatique à partir de 15km/h, sa réactivation, dès lors que la vitesse passe sous cette barre, à une intersection par exemple, pourrait vous surprendre.
Après avoir terminé les 10ha de déchaumage, je retourne à la ferme pour atteler la benne Thievin. L’agriculteur me propose de l’aider à vider la stabulation des jeunes bovins. Sur route, une fois lancé sur un faux plat, le tracteur, emportant plus de 20 t de fumier, évolue à 42km/h à un régime économique de 1500 tr/min. Je me dirige vers une parcelle lointaine afin de vider le contenu en tas. La transmission gère l’avancement sans à-coups et descend dans les tours pour reprendre du couple en cas de sollicitation. Sur le terminal de bord, j’aperçois l'activation de la surpuissance, en vert foncé, venant offrir un second souffle au 6R notamment dans les côtes.
Ce John Deere 6R 185 ne déroge pas à la règle. De mes quelques jours à son volant, je retiendrai le réel confort de conduite, avec, en supplément, ses précieux chevaux pour un empattement contenu.